Le temps d’attendre c’est une expérience du lien qu’un voyant peut tisser avec l’extérieur (paysage ) au travers de la vue de sa fenêtre.
L’usage de la caméra obscura comme principe d’observation du réel et espace de conversation, suppose des conditions préalables : l’obscurité (afin de rendre la projection possible) et une liaison sonore qui implique que deux personnes conversent sans se voir (l’un est dans l’image, l’autre à l’extérieur). La progression du regard accompagnant une faible source de lumière, la contemplation d’un extérieur inversé, la superposition du dehors avec le dedans structure et conditionne la rencontre avec « l’autre ». Cet autre est un compagnon, à qui il est proposé une expérience individuelle, celle de révéler l’image latente que ces murs et fenêtres permettent.
Ce contexte singulier invite une immersion et un glissement possible vers une attention redoublée au réel.
Dans cette situation cinématographique, et dans ce cheminement du regard, l’extérieur s’inscrit petit à petit dans les contours et objets de la chambre. Les faits qui s’y déroulent habituellement sous nos yeux prennent une tournure dramatique. Les correspondances entre nature comme source première d’inspiration et territoires de l’intérieur dialoguent.
Cette « disponibilité » « vacuité » est l’une des conditions favorisant le basculement dans la contemplation.
Une projection inversée, qui nous pousse à élargir progressivement notre relation au temps, à distinguer et faire exister en le nommant un nouvel espace : celui de la rencontre dedans-dehors. L’art propose alors un affranchissement, une liberté, une relation sensible et poétique avec le monde.
Accorder du temps à l’autre, à l’image devient politique, et un signe de résistance.
Artistes
Sarah Mulot
Julien Vadet
Cédric Champeval